Workshop Variétés de base et stades initiaux en L2

03
avr.
2025.
04
avr.
2025.
Journée
entière
« Variété(s) de base et stades initiaux en L2 : un itinéraire naturel et universel ? »

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« Variété(s) de base et stades initiaux en L2 : un itinéraire naturel et universel ? »

 

Il y a environ 30 ans, l’étude comparative des parcours acquisitionnels en L2 observés chez des migrants adultes dans le cadre du projet ESF (Perdue 1993) a permis d’identifier quelques stades initiaux dans l’appropriation d’une langue nouvelle en milieu naturel. Le développement similaire attesté dans les données longitudinales d’apprenants représentant dix différentes combinaisons de LS/LC a été ainsi défini en termes d’une succession de variétés d’apprentissage (prébasique, de base, postbasique), chacune étant caractérisée par un répertoire linguistique et des règles combinatoires spécifiques (structure de l’énoncé à base nominale, verbale, etc.).

Un rôle crucial dans cette perspective est joué par la notion de « variété de base » (VB, Klein & Perdue 1997), un système linguistique formellement simple mais communicativement efficace, largement indépendant des spécificités des langues en contact, dans lequel des items lexicaux de la LC sont organisés sur la base de principes sémantico-pragmatiques tels que focus last/ agent first

C’est l’émergence des catégories morphosyntaxiques de la LC qui caractérise la transition vers les variétés postbasiques : pour les combinaisons de langues étudiées, il s’agit en particulier du marquage de la ‘finitude’, soit le développement d’oppositions fonctionnelles par la morphologie verbale et la restructuration de l’énoncé qui en découle (Dietrich et al. 1995; Perdue et al. 2002 ; Dimroth & Starren 2003 ; Hendriks 2005 ; Klein & Dimroth 2009 ; Becker 2012 ; Klein 2012).

 

Or, ces stades acquisitionnels ont été identifiés pour un certain profil d’apprenants, à savoir des migrants adultes avec un faible niveau de scolarisation qui apprenaient la LC en immersion.

Bien qu’on se soit tourné vers ce public afin d’avoir un aperçu sur des tendances développementales ‘naturelles’, qui ne seraient pas influencées par des approches pédagogiques spécifiques, la question de leur validité dans d’autres situations d’apprentissage reste ouverte. Par ailleurs, l’échantillon de langues cibles considérées dans le projet ESF présente peu de variation typologique : il s’agit en majorité de langues germaniques (anglais, allemand, néerlandais et suédois), auxquelles s’ajoute le français, qui est la plus germanique des langues romanes (cf. van der Auwera & Patard 2015). On peut se demander si les traits typologiques des LCs ont influencé le développement attesté et jusqu’à quel point ce dernier refléterait des tendances ‘universelles’ dans l’acquisition d’une L2.

 

L’objectif de ce workshop est de discuter justement si et dans quelle mesure les propriétés centrales du développement identifiés dans les travaux mentionnés ci-dessus doivent être adaptées lorsqu’on considère des populations et situations d’apprentissage différentes. En poursuivant la réflexion entamée dans Benazzo, Dimroth & Andorno (2023), il serait intéressant de considérer par exemple l’impact d’une des variables suivantes, tout en sachant qu’il n’est pas toujours facile de les isoler :

- le milieu d’apprentissage : en particulier, peut-on observer l’émergence d’une VB malgré l’exposition à l’input didactique, qui peut rendre plus saillantes les structures morphosyntaxiques ?

- le background de l’apprenant et ses connaissances (méta)linguistiques : le niveau variable d’instruction, voire de littératie (et l’accès inégal à l’input écrit qui en découle), peuvent-il infléchir le les stades initiaux du parcours acquisitionnel ?

- le facteur de l’âge : peut-on observer l’émergence d’une VB chez les enfants qui acquièrent une L2 ?

- les propriétés typologiques de la langue cible : quels traits formels seraient typiques de la VB (et de la transition vers des variétés postbasiques) dans l’acquisition de LCs typologiquement différentes ?

- la proximité entre langues source et cible : le parcours acquisitionnel serait-il différent lorsque les deux langues en contact sont particulièrement proches, aussi bien au niveau typologique que génétique (par exemple, espagnol L1-italien L2) ?

De manière transversale, il se pose également la question de savoir si une organisation comme celle de la VB relève davantage d’un stade acquisitionnel ou plutôt d’un mode d’expression dans des conditions spécifiques de communication.

 

Toute contribution adressant une ou plusieurs de ces questions sera la bienvenue.

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