12h30
59/61, rue Pouchet, Paris
Sophie Wauquier (SFL)
Allomorphie des déterminants en créole martiniquais. Réanalyse d'une contrainte d'anti-marque
Abstract - Le créole martiniquais (CM) présente, comme un certain nombre de créoles à base française, un paradigme de déterminants définis
- où pour les noms commençant par une voyelle, les consonnes élidées et les consonnes de liaison sont le plus souvent attachées à l’attaque de la frontière gauche du nom
- où le déterminant se situe toujours à la périphérie droite du syntagme nominal alors que déterminant indéfini est quant à lui antéposé et a pour seule forme « an ».
Si le nom est accompagné d’un modifieur, ce dernier suit généralement le nom dans l'ordre linéaire et le déterminant se trouve donc à la droite de l’ensemble N + modifieur. Cette allomorphie est en outre soumise à une harmonie nasale complexe
Le but de la comunication sera d’analyser les propriétés qui déterminent ces allomorphies.
- On constate qu’en CM l’allomorphie est sensible non seulement aux propriétés de frontière droite du nom mais également à celles de toute la dernière syllabe du mot qui le précède. Il semblerait donc que la la formation de ces allomorphies est directement liée à la resegmentation du groupe nominal et la position post-posée du déterminant défini
- Par ailleurs, on constate que le CM contrairement au français tolère très bien les hiatus et clusters complexes sur les frontières de mots qu’il manifeste de manière très explicitement (contrairement au français)
- Enfin on constate que l’allomorphie est contrainte par une harmonie nasale complexe n’existant pas en français où, même si on observe une alternance des voyelles moyennes consécutive à la resyllabation, l’allomorphie ne se manifeste pas prioritairement par de l’harmonie.
Ce qui semble se dégager c’est que dans les deux langues le nom constitue avec le clitique un domaine étroit phonologiquement contraint. En CM le domaine [nom + clitique] constitue un domaine très propice à l’harmonie (vocalique et consonantique) de nasalité où la syllabation ne réduit ni les hiatus ni les clusters consonantiques. Ce qui a pour effet visible de créer une congruence entre les frontières de mots et les frontières de syllabe contrairement à ce qui se produit dans la langue lexificatrice. La « cliticité » se marquerait phonologiquement en CM par des phénomènes d’harmonie (et pas du tout en français) alors qu’elle se marquerait en français au niveau de la structure syllabique (et pas du tout en CM).