- Sophie Wauquier, SFL / Université Paris 8
- Ellenor Shoemaker, LPP / Université Paris 3
Liaison et représentations lexicales chez les apprenants de L2 non / peu alphabétisés
La liaison est un phénomène de sandhi externe se produisant sur la frontière gauche des catégories lexicales majeures en français et qui donne lieu à un double phénomène : quand deux voyelles sont en contact sur une frontière lexicale, une consonne peut apparaître, qui sera le plus souvent - mais pas obligatoirement - resyllabée (« enchaînée »), à l’attaque du second mot. Du point de vue psycholinguistique, l’apprenant, tant en L1 qu’en L2 doit constituer un répertoire de formes lexicales de référence pour la langue cible sur la base de ses expériences linguistiques et de sa connaissance du monde extra-linguistique. Or, en français, il ne reçoit quasiment jamais un input comportant une forme nue de type « eh, éléphant » ([e. elefɑ̃]) et il entendra la plupart du temps le mot en contexte (« un petit éléphant » [ɛ̃pətitelefɑ̃], « des éléphants » [dezelefɑ̃], « un éléphant » [ɛ̃nelefɑ̃]). En L1 et L2, la liaison crée des ambiguïtés de frontière lexicale telles qu’elles peuvent poser un sérieux problème de reconnaissance puis d’enregistrement des formes lexicales canoniques, aussi bien pour les apprenants de L1 que pour les apprenants de L2. Ce projet consiste à tester des apprenants de L2 migrants, non alphabétisés en français et ayant eu un temps d’exposition très court à l’input oral en français, afin d’observer leurs productions des mots et la nature des éventuelles erreurs en contexte de liaison ainsi que de mesurer, en perception le traitement qu’ils font de la frontière lexicale ambiguë.