Christelle GERARD

Thèse bénéficiant du dispositif des Conventions industrielles de formation par la recherche (CIFRE) avec l'Association Départementale des Parents et Amis de Personnes en situation de handicap et/ou de vulnérabilité des Alpes-Maritimes (ADAPEI-AM).

Les troubles du neuro-développement (TND) décrivent un groupe de troubles qui affectent le développement normal du cerveau et du système nerveux. Ils peuvent inclure des troubles tels que les troubles du spectre de l’autisme (TSA), la déficience intellectuelle, la dyspraxie, la dyslexie, la dyscalculie et d'autres troubles similaires. Les TND peuvent causer des difficultés dans les domaines de la communication, de la socialisation, de l'apprentissage et de la compréhension de l'environnement, et peuvent varier considérablement en termes de degré de gravité.

Dans ce contexte, le recours compensatoire à des techniques augmentatives et alternatives non linguistiques de communication multimodale, c’est-à-dire à des outils d’aide à la communication exploitant simultanément plusieurs canaux (visuel, visuo-gestuel, audio-vocal), du type Makaton ou PECS (Picture exchange communication system), s’est largement développé. En France, leur usage fait partie des recommandations de bonne pratique de la Haute Autorité de Santé (2017).

Toutefois, certaines personnes avec un TND ne parviennent pas à tirer parti de ces systèmes d’aide à la communication, ou bien, au fil du temps, les dits systèmes ne répondent plus à leurs besoins. Ces personnes restent dès lors privées de tout moyen d’expression. Ceci peut conduire au développement de troubles associés, tels que des troubles du comportement, qui compromettent leur inclusion sociale. Il y a là un défi pour l’accompagnement de ces personnes avec un TND et ce, tout au long de leur vie.

En nous appuyant sur des travaux montrant les bénéfices de l’acquisition d’une langue des signes pour des enfants ayant un trouble du neuro-développement, et plus spécifiquement avec TSA, dits « non verbaux » (voir, parmi d’autres Kurt, 2011 ; Adam, 2020), nous proposons d’explorer les apports potentiels d’une langue, la langue des signes française (LSF), auprès d’adultes avec un TND non verbaux pour lesquels les techniques augmentatives non linguistiques du type Makaton ou PECS n’ont pas fourni ou ne fournissent plus de résultats satisfaisants.

Nous nous focaliserons sur l’acquisition de compétences socio-communicatives, langagières et/ou linguistiques par des adultes avec un TND non verbaux, en introduisant, en contexte écologique (lieu de vie de type Foyer d’accueil médicalisé ou Maison d’accueil spécialisée) une langue, la LSF, qui, en tant que langue, se suffit à elle-même et qui, en outre, exploite maximalement l’iconicité visuelle et l’espace. Pour ce faire, nous travaillerons, en amont et in situ, à élaborer des contextes de perception, de compréhension et d’expression qui soient adaptés aux besoins et compétences des participants sélectionnés.

L’observation fine des compétences générales et linguistiques émergentes, qui sont « à signaux faibles » chez les personnes avec un TND non verbales, requiert la mise en place d’un protocole méthodologique original et sophistiqué qui nécessite une réflexion interdisciplinaire en vue de la création d’outils inédits et/ou l’adaptation d’outils existants, tant en matière d’évaluation des adultes impliqués que de supports et procédures didactiques. Notre projet conjoindra à ce titre les apports de plusieurs disciplines et pratiques : les sciences du langage (linguistique et didactique) ; les sciences du comportement, les sciences de l’éducation et de la formation ; la psychologie du développement et de l’éducation ; et l’éducation spécialisée auprès de personnes avec un TND.