17h00
salle 124
- Renauld Govain (LangSÉ, Université d’État d’Haïti) Aspects phonologiques du français haïtien : influence du créole haïtien
- Stéphane Térosier (U. de Montréal) Relatives en créole martiniquais : une analyse basée sur l’hypothèse du SN scindé
Résumés
Renauld GOVAIN (LangSÉ, Université d’État d’Haïti) Aspects phonologiques du français haïtien : influence du créole haïtien
Le français pratiqué en Haïti n’est pas en tout point identique à celui parlé dans le reste de la francophonie. Arrivé en Haïti au XVIIe siècle, le français va évoluer en se différenciant à bien des égards d’autres variétés de parlers francophones et développer ce qu’il convient d’appeler le français haïtien (Pompilus 1961 ; Govain 2009, 2013, Fattier 2010, Saint-Fort 2007) qui est une variété de parler francophone propre à Haïti et différente à bien des égards des autres variétés de parlers francophones. Les spécificités du français haïtien (FH) se manifestent aux niveaux lexico-sémantique, phonologique et, dans une moindre mesure, morphosyntaxique. Elles résultent de spécificités locales diverses et du contact de langues, où le FH et le créole haïtien (CH) s’influencent mutuellement, mais aussi de son contact avec l’anglais et l’espagnol. Ici nous nous intéressons à l’aspect phonologique du FH dans sa dimension synchronique, dont il faudra préciser les spécificités et déterminer la part de l’influence du CH. Nos données proviennent de productions d’étudiants de 1e année d’université (Govain 2009), de l’observation de la pratique du FH en général et d’une enquête consistant en la lecture enregistrée d’un texte d’une durée moyenne de 90 secondes. Nous avons retenu 10 lectures au hasard sur 20. Les lecteurs sont âgés de 25 à 65 ans et ont tous fait l’enseignement supérieur (de la licence au doctorat). Pour marquer la différence entre le FH et le français dit de référence (FR), nous comparons la forme acoustique sonore variable produite dans le discours effectif des locuteurs et la forme mentale, stable, invariable (Darcy 2006) telle que le dictionnaire en propose la réalisation phonétique. La forme dite de référence correspond à cette forme mentale. Parmi les éléments que nous traiterons dans cette présentation, signalons, au niveau des consonnes, des réalisations spécifiques de /ɲ/ et de /ʁ/, le maintien de /h/ dit aspiré, la (non-)réalisation des consonnes branchantes en coda finale. Au niveau des voyelles : le maintien de l’opposition /e/-/ɛ/ dans toutes les positions et de l’opposition /ɛ̃/-/œ̃/, l’absence de l’opposition /a/-/ɑ/, l’apparition selon le contexte d’articulation des glides /j/ ou /w/ (ou même d’un /ʁ/ dans des contextes spécifiques) entre deux voyelles contiguës pour éviter le hiatus.
Stéphane Térosier (U. de Montréal)
Relatives en créole martiniquais : une analyse basée sur l’hypothèse du SN scindé
Dans la littérature (Bernabé 2003, Damoiseau 2012, Syea 2017), les relatives en créole martiniquais sont traditionnellement décrites comme des suites impliquant deux occurrences obligatoires du déterminant défini la – la première qui suit immédiatement le SN pivot, la deuxième qui occupe la position finale de la suite. M’appuyant sur le fait précédemment inobservé que cette dernière occurrence du déterminant défini est en fait facultative en contexte intensionnel et que son absence/présence a des effets interprétatifs, je propose une analyse des relatives en CM basée sur l’hypothèse du SN scindé à la Ihsane et Puskás (2001). Ainsi, la première occurrence encoderait la définitude alors que la seconde légitimerait une lecture référentielle. Enfin, je propose que cette analyse soit étendue aux SN simples.