16h30
Une composition biverbale productive en martiniquais
Anne Zribi-Hertz & Loic Jean-Louis (UP8/SFL)
Cet exposé traitera d’une construction biverbale repérée au départ en créole martiniquais (MQ), construction que nous proposons d’analyser comme un cas de composition lexicale : [V V1-V2] à sémantique additive, dérivable d’une coordination de verbes-têtes générée en syntaxe. La dérivation envisagée comporte une étape d’univerbation proprement intégrée à la grammaire et nous conduit ainsi à revisiter cette notion telle que définie par Schwarze (2005).
Nous notons qu’une composition biverbale analogue à celle de MQ est disponible (quoique moins productive) en français, ainsi qu’en haïtien (CH) et en mauricien (CM), mais ne semble pas avoir d’analogues dans les langues kwa. Nous montrons aussi que les composés [V V1-V2] à sémantique additive ne sont pas les seuls composés biverbaux attestés en MQ (mais sont le seul type régulièrement productif), et qu’ils ont par ailleurs des propriétés assez différentes des constructions dites « à verbes sériels » (CVS) documentées tant dans les langues kwa que dans les trois créoles MQ, CH et CM. Pourtant, les composés [V V1-V2] vérifient un ensemble de propriétés couramment tenues pour caractéristique des CVS. Ceci confirme que d’un point de vue formel, les constructions qu’on nomme CVS ne constituent pas une classe.
V V1-V2] attestée en MQ-CH-CM a pour origine principale la composition [V V1-V2] du français (et devait donc déjà être disponible en français colonial), et doit sa plus grande productivité en créole à d’autres traits distinguant les grammaires créoles du français.