12h00
Salle 159
Comme la plupart des langues bantu orientales (Downing 2010), le shingazidja (G44a, Comores) est caractérisé par un accent (stress) de groupe émergeant sur l’avant-dernière syllabe (Rey 1990, Patin et al. à paraître). On aura ainsi maˈβáha ‘chats’, ou encore tsiˈníka ‘j’ai donné’. Dans la variété de Washili (au moins), si une autre syllabe que la pénultième porte un ton, l’accent tendra cependant à lui être associé : on aura ainsi nyiˈfá ‘fissures’ (et non *ˈnyifá), ou encore raˈŋɡáliya ‘nous avons observé’ (et non *raŋɡáˈliya). Toutefois, cela dépend des configurations vocaliques en présence ! Si la séquence vocalique d’un dissyllabique est i – á, l’accent se verra associé à la dernière syllabe, comme nous venons de le voir avec l’exemple du mot nyiˈfá ‘fissures’. Si la séquence vocalique est a – í, en revanche, l’accent restera associé à la pénultième, ex.ˈnazí ‘noix de coco’ (et non *naˈzí). De même, l’accent sera par exemple associé à la finale dans une configuration u – é, mais à la pénultième dans une configuration e – ú. Si le ton émerge sur la pénultième, l’accent sera en revanche associé à cette dernière quelle que soit la configuration vocalique.
Quelle(s) hiérarchie(s) est/sont en œuvre derrière ces distributions, et comment en rendre compte ? J’explorerai cette question en m’appuyant entre autres sur les travaux de de Lacy (2007 notamment). En fin de présentation, j’évoquerai les conséquences du paramétrage évoqué sur l’évolution (en cours) du système prosodique du shingazidja, et sur notre compréhension de ce qu’est une langue accentuelle plus généralement.