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Dans cette présentation, je vais faire une proposition concernant la vocalisation des verbes à la Forme I de l’arabe du Caire. Je vais soutenir que le système est le même que celui de l’arabe classique : les alternances perfectif/imperfectif sont gérées par un système apophonique. Le développement de mon argumentation est présenté comme si les corpus des deux langues étaient d’une stabilité comparable. Mais, ma proposition doit confronter une réalité. Cette réalité est liée à une différence fondamentale : pour des raisons évidentes le corpus de l’arabe classique ne « bouge » plus ; le corpus de l’arabe du Caire, par contre, met en évidence des dynamiques de changement continu. La question que je poserai donc est la suivante : est-ce que ces changements expriment un éloignement ou même une décadence du système apophonique ? Ou au contraire ‘est-ce que ces changements sont pilotés par l’apophonie ?’
L’une des manifestations de l’évolution constante de l’arabe du Caire est la présence de formes alternatives pour la vocalisation des verbes : dans un nombre important de cas, un même verbe peut être réalisé avec différentes vocalisations, FaʕaL ou FuʕuL, FiʕiL ou FaʕaL, FiʕiL ou FaʕaL ou FuʕuL. La même chose est vraie des imperfectifs : yi-FʕaL ou yu-FʕuL, yi-FʕiL ou yi-FʕaL, etc. Il est vrai qu’on trouve le même phénomène en arabe classique mais dans une beaucoup moins grande mesure. Dans le cas de l’arabe du Caire, on peut parler de prolifération.
Dans cette présentation, je vais développer trois idées : 1) Que les doublets (ou triplets) en question ne sont pas distribués de façon anarchique. 2) Que les membres des doublets (ou triplets) ne sont pas sur un pieds d’égalité. Par exemple, lorsqu’un verbe d’une même racine peut être réalisé comme FiʕiL ou comme FaʕaL, l’une des deux formes est sur le point de l’emporter sur l’autre. Autrement dit, l’existence de tels doublets ne représente qu’un stade transitoire dans une évolution dont la direction peut être détectée. En particulier, je mettrai en lumière les raisons pour lesquelles FiʕiL est le grand gagnant là où il est en compétition avec d’autres formes. 3) Que le système apophonique est précisément le moteur de cette évolution.